La Mélanésie est l’un des trois grands groupes « traditionnels » d’îles de l’océan Pacifique qui, ensemble, forment l’Océanie. Ce regroupement géographique est aujourd’hui contesté par une partie des géographes, mais il reste très couramment employé, y compris par les pays concernés.
Des chercheurs de l’université de Stanford, en Californie, se sont intéressés aux habitants de l’archipel des îles Salomon où les blonds à peau foncée sont nombreux.
Une analyse génétique a prouvé que ceux qui avaient les cheveux blonds possédaient un gène spécifique déterminant cette couleur, et que le gène en question était différent de celui donnant leur blondeur aux Européens, cela fût publié dans la revue Science.
L’archipel des îles Salomon est constitué de 12 îles principales et de 900 autres disséminées dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, au sud-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cet archipel a des habitants qui ont la peau la plus foncée après la peau des Africains, et aussi la plus grande proportion de cheveux blonds (5 à 10 %) en dehors de l’Europe.
« C’est à peu près la même fréquence qu’en Irlande, où je suis née », explique Eimear Kenny, co-auteur des travaux.
Jusqu’à présent, on pensait que la blondeur des Mélanésiens était originaire des explorateurs ou colons venus d’Europe (c’est trop osé le penser ainsi). Les Océaniens ont aussi d’autres explications, comme l’exposition au soleil ou une alimentation riche en poissons.
Pour découvrir ce fameux mystère, les chercheurs se sont rendus sur place. La collecte des données des examens de la « brillance » de la peau, de la blondeur des cheveux et prélèvement de salive s’est révélée compliquée. Aussi bien du fait que beaucoup d’îles sont difficiles d’accès que pour obtenir les autorisations des chefs locaux.
Le mot « mélanésien » n’a été conservé en linguistique que dans la seule expression “langues méso-mélanésiennes”, qui désignent un sous-groupe de la branche océanienne des langues austronésiennes, parlées au nord de Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon.
Au bout du compte, près de 1000 personnes ont été examinées, et les gènes de 43 Salomoniens et Salomoniennes aux cheveux blonds et de 42 autres aux cheveux foncés ont été examinés.
« En à peine une semaine, nous avons eu notre premier résultat. Il pointait du doigt un seul gène !», se souvient de Eimear Kenny.
« Un tel résultat, vous pouvez mettre votre main au feu qu’il est correct, ce qui est très rare en science ».
Le gène en question, TYRP1, situé sur le chromosome 9, est connu pour diriger la fabrication d’un enzyme intervenant dans la pigmentation (il peut être responsable de l’albinisme.).
Les chercheurs ont ensuite comparé leurs résultats, via des bases de données génétiques, à d’autres populations, européennes, africaines, asiatiques… La séquence du gène mélanésien était unique.
« C’est un article intéressant dans les différents débats scientifiques actuels concernant l’étude de la génétique des populations et son évolution, estime Michel Veuille, généticien des populations, directeur d’études de l’École pratique des hautes études. Mais bien des questions restent ouvertes. Par exemple, on constate que, dans cette étude, un peu moins de la moitié du caractère blond ou non-blond est expliquée par le gène identifié. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela, comme celle d’un polymorphisme ancien qui se maintient dans la population ».